Fan de Clerks, de cinéma, de séries TV, de jeux vidéo, geek en tous genres et même nerd, voici pour vous le parfait point'n click ou, comme se plait à l'appeler son développeur, "Point & Geek", Randal's Monday. "Mais pourquoi donc", me direz-vous, "ce point'n click est fait pour nous" ? Tout simplement parce qu'il s'agit là d'un point'n click imprégné d'une bonne dose de sauce geek, le tout fourré avec une succulente crème nerd. De quoi en ravir plus d'un.
Premier jeu du studio indépendant espagnol Nexus Game, Randal's Monday vous place dans le corps d'un certain Randal Hicks, un cleptomane doublé d'un sociopathe alcoolique qui, un soir dans son bar favoris, alors qu'il fête les fiançailles de son amie Sally et de son meilleur ami Matt, vole la bague que ce dernier souhaite offrir à sa belle. Le jour suivant, Randal se réveille et faute de moyen pour payer son loyer, décide de vendre la bague volée. Il apprend par la suite le suicide de Matt. Une longue et dure journée s'ensuit. Malheureusement pour Randal, ce n'est que le début des ennuis… Eh oui, après une bonne nuit de sommeil, Randal se lève avec un léger arrière-goût de déjà-vu. Diantre ! Il vient de se faire piéger dans une boucle spatio-temporelle, voilà qu'il revit, jour après jour, le même lundi, un peu comme notre cher Bill Murray dans Un Jour Sans Fin à une différence près : chaque action de Randal se répercute sur les lundis suivants. Randal va donc tout faire pour pouvoir récupérer sa bague et réparer son erreur avant que tout ne dégénère.
Avec un pitch pareil, je ne sais pas vous, mais moi, je suis direct hyper excité ! Ce n'est pas le premier point'n clik que Daedalic édite, toutefois, c'est certainement le plus fun et le plus original. Bien évidemment, comme tout point'n clik qui se respecte, Randal's Monday nous propose une aventure qui se joue intégralement à la souris avec cependant une petite nouveauté, le choix entre deux types de gameplay différents. Point'n click classique, tout à la souris, clic gauche pour se déplacer, clic droit pour ouvrir le petit panel des actions, etc. Point'n click moderne, celui-ci ne change pas grand-chose au gameplay de base, il permet simplement d'effectuer les actions plus rapidement. L'un dans l'autre, ça revient au même. Bon, bien que j'aie dit que le jeu se jouait exclusivement à la souris, sachez qu'il vous est possible de prendre le contrôle de Randal via un gamepad. C'est moins pratique, mais ce n'est pas désagréable et c'est très bien adapté au jeu. Après, il n'y a pas beaucoup à dire sur le gameplay, c'est un point'n click somme toute classique, pas de mécanique nouvelle à signaler, l'aventure se déroule entre énigmes à résoudre et dialogues avec les PNJ vous permettant ainsi de débloquer des objets que vous stockez dans votre inventaire (en l'occurrence un exemplaire froissé et usé d'une super-héroïne très sexy avec un côté Wonder Woman et d'avancer dans le scénario. On évolue donc au sein de divers environnements, mais l'aventure prend part principalement au sein de la ville dans laquelle habite Randal et on navigue, en métro, entre les différents lieux et quartiers pour passer de l'appart' de Randal à celui de Matt, au magasin de BD de Charlie ou au bar préféré de Randal. J'avoue avoir été un peu déçu par le déroulement du jeu. On passe énormément de temps à faire des allers et des retours, à discuter avec des gens, souvent avec de très, très longs dialogues, bien trop longs même pour un point'n click et le gros souci du jeu se trouve être la difficulté liée à la résolution des énigmes. Si les deux ou trois premières énigmes sont d'une simplicité hallucinante, on se rend rapidement compte que ça ne va pas être à chaque fois une partie de plaisir. Il y a un gros déséquilibrage à ce niveau-là.
Ce qui se passe, c'est que les énigmes ne possèdent pas vraiment de logique, et sans logique, difficile de trouver la solution. Et même lorsque la solution saute aux yeux, il faut encore trouver le moyen de la mettre en œuvre. C'est dommage étant donné que cela a tendance à casser totalement le rythme du jeu tout en finissant par énerver le joueur. Néanmoins, j'ai comme l'impression que cela est en partie fait exprès, que c'était souhaité par les développeurs. D'ailleurs, ne vous inquiétez pas, Randal's Monday possède une solution intégrée, si vous êtes bloqué, vous n'aurez qu'à y jeter un rapide coup d'œil. Cela dit, il est toujours quelque peu embêtant de ne pas réussir à résoudre une énigme par soi-même, et même si c'est l'aspect farfelu, fun et déjanté de Randal's Monday qui le rend attrayant, c'est aussi ça qui le rend sévèrement difficile par moment. Difficile mais fun et drôle ! Je ne saurais l'expliquer, mais on a beau galérer, on ne peut que s'effondrer de rire devant l'idiotie de la solution des énigmes, toutes plus dingues les unes que les autres.
Malgré tout, je vous préviens, si vous démarrez votre partie de Randal's Monday, autant vous dire que vous risquez de ne pas en décrocher tout de suite. Surtout si vous avez des penchants pour la culture à laquelle le jeu rend hommage. En effet, vous allez passer un bon moment à décortiquer chaque tableau, chaque phrase, chaque cinématique pour détecter la plus petite référence. Et je vous assure, celles-ci sont très nombreuses sans pour autant être facile à déceler ! Que ce soit Clerks - inspiration première de Nexus Game, ne serait-ce que pour le nom du personnage, Randal Hicks étant un amalgame de Randal Graves et Dante Hicks, deux personnages du classique chef-d'œuvre de Kevin Smith ou le fait que ce soit Jeff Anderson, acteur ayant incarné Randal dans Clerks, qui double Randal dans le jeu -, Shaun of the Dead, les Simpsons, les Griffins, la 4ème Dimension, le Seigneur des Anneaux, Blade Runner, Star Wars, vous allez être gâtés. L'ensemble de l'univers geek y est représenté. Et évidemment, c'est le côté caricatural, à l'image de la série The Big Bang Theory qui plait, bien que l'on se rapproche plus d'une série telle que Spaced. On est rapidement mis dans l'ambiance, pour ma part, j'ai eu l'impression de me retrouver dans une série ou un film des années 90-2000 comme ceux de Kevin Smith, ou la série Spaced d'Edgar Wright justement. C'est terriblement fun à vivre comme aventure, malgré la difficulté. L'univers de Randal's Monday, même si celui-ci pioche un peu dans tout ce que l'on connait, est bien fourni et c'est très plaisant. Le studio pousse même le vice bien loin en nous proposant, dans certaines scènes, ces longs dialogues sans intérêt que peuvent se mener certains geeks sur des sujets tout aussi inutiles et sans intérêt pendant des heures et des heures et qui, pourtant nous passionne. Nous sommes tous passer par là un jour ou l'autre.
Finalement, Randal's Monday est un point'n click difficile et long à cause d'un aspect quelque peu répétitif qui donne l'impression de tourner en rond. Cependant, le visuel cartoon, la dose d'humour bien gras qui parsème le jeu ou l'univers graphique comme scénaristisque du jeu en fait quelque chose de tellement prenant, tellement fun et tellement délirant que l'on a envie de pousser jusqu'au bout afin de voir ce qu'il adviendra de notre cher Randal, et une fois la fin venue, après 12 à 15 heures de jeu, de rires et de râles, on ne peut qu'en demander encore un peu plus, juste pour prolonger ces bons moments passer avec Randal, un personnage qui, malgré son caractère totalement antipathique, nous aspire une certaine sympathie.
Note : 8,5/10
(évaluation réalisée sur PC)