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Interview d'Owen King, auteur du roman Double Feature

C'est avec (beaucoup de) retard, mais aussi énormément de plaisir que je vous propose aujourd'hui cette interview d'un auteur tristement ignoré en France malgré le succès de son père (Stephen King) et de son frère (Joe Hill), Owen King. Espérons que ce petit entretien vous donnera l'occasion de le découvrir un peu.

Flynn SFFF : Salut Owen,

Peux-tu te présenter aux lecteurs de cette interview ?

Owen King : Je suis l'auteur, plus récemment, du roman Double Feature, qui raconte l'histoire d'un jeune homme nommé Sam Dolan, qui réalise un film indépendant très sérieux qui va terriblement mal - et puis devient un succès. Il a beaucoup à voir avec les circonstances de la célébrité moderne, et de la manière dont la technologie a rendu possible pour une personne de devenir tristement célèbre en une nuit, et par accident. Le roman parle aussi de la mère de Sam et de son père, et d'un certain nombre d'autres relations interconnectées.

Je devrais probablement mentionner ici, avant d'aller plus loin, qu'il n'a, hélas, pas été traduit en Français.

Quand tu étais enfant, lisais-tu beaucoup ? Et maintenant ?

J'ai beaucoup lu quand j'ai enfant et jeune adulte, et bien sûr, je lis toujours aujourd'hui. Il y a des romanciers qui disent qu'ils ne lisent pas beaucoup, mais c'est difficile à comprendre. La lecture du travail d'autres personnes me tient inspiré/défié/rafraichie.

Quels livres ont vraiment marqué ton existence de lecture et celle d'écrivain ?

Beaucoup trop pour les lister ! Et pas seulement les bons ! Je crois que vous pouvez apprendre autant d'un roman que vous n'aimez pas que d'une que vous aimez peut-être plus. La magie d'un roman qui réussit est généralement beaucoup plus difficile à comprendre que de voir les problèmes d'un roman que vous n'aimez pas.

Bref, mon roman favori est Les Grandes Espérances (Dickens). Il a tout ce que je pouvais désirer dans un roman : des personnages/descriptions extraordinaires, tellement d'humour, beaucoup de fils narratifs sinueux, et un cœur puissant.

Depuis quand écrit ? Quand as-tu commencé à écrire ?

J'écris des histoires depuis que je sais écrire, je suppose. Je n'ai pas pris ça au sérieux avant que je sois à l'université. Jusqu'à ce moment, j'étais terrifié par la discipline - le besoin de rester sur une chaise pendant de longues heures - que je savais nécessaire si je voulais m'améliorer.

Comment cette envie d'écrire est venue à toi ? Pourquoi ?

A cette époque de ma vie, quand j'avais 19 ou 20 ans, il m'est apparu que je n'avais pas vraiment d'autres talents. Je veux dire, je suis doué aux jeux de société. Je suis juste au ping pong. Mais il n'y a pas de débouchés particulièrement terribles dans ces domaines.

Qu'est-ce qui t'a attiré dans la profession d'écrivain ?

J'ai les histoires et j'aime faire rire les gens. Met ces deux choses ensembles, et c'est ce que j'essaye de créer.

As-tu d'autres passions dans la vie ? Si tu n'avais pas été auteur, qu'aurais-tu fait ?

J'enseigne un peu, et j'apprécie beaucoup ça, même si c'est très chronophage je trouve que quand je le fais mon écriture souffre. Donc je ne le fais pas trop.

J'aime le baseball. Si j'avais été bon, j'aurai aimé être joueur pro de baseball. Y a-t-il du baseball diffusé à la TV en France ? En termes de rythme, c'est beaucoup plus comme le football/soccer que le Football Americain.

Maintenant, j'aimerais parler avec toi de tes méthodes d'écritures. Quand écris-tu ? Quand l'inspiration de vient ? Ou alors tu as un emploi du temps ?

J'écris les jours de la semaine. Le plus tôt est le mieux. Je n'écris pas la nuit. C'est comme boire du café, ça me tient éveillé.

Écris-tu le même nombre de mots chaque jour ? Ou bien c'est variable ?

C'est variable. J'aimerais écrire chaque jour, mais la vie est une machine qui produit des distractions. La chose la plus important est de garder votre projet à l'esprit, pour continuellement y retourner.

Comment et où trouves-tu tes idées ?

J'aimerais savoir où trouver les idées ! Elles se montrent juste - ou pas. Tu vois quelque chose, tu entends quelque chose, tu lis quelque chose, et il y a le germe d'une histoire dedans. C'est imprévisible.

Penses-tu que le fait d'être le fils de Tabitha et Stephen King ainsi que le frère de Joe Hill influence ou a influencé ta carrière d'auteur ? Parce que tu es né dans une famille d'écrivains !

Certainement. Ce que j'ai dit ci-dessus, à propos d'être hésitant à me consacrer moi-même à l'écriture, est un reflet de ce que j'ai observé en grandissant : mes parents manifestaient une grande discipline and une grande dévotion à leur travail, durant de longues heures, seuls dans leurs bureaux, à écrire leurs livres. Le travail était dur.

A quoi ressemble une réunion de famille d'écrivains ? Parlez-vous de vos écrits, des livres que vous avez lus, ou vous ne vous approchez pas du sujet ?

Nous parlons de livres, mais c'est une chose libre.

Tu es marié à Kelly Braffet, écrivain aussi. Quels sont les avantages et les inconvénients à être marié avec un autre écrivain ? Travaillez-vous ensemble ? Vous aidez vous l'un l'autre ?

C'est extrêmement bénéfique de vivre avec quelqu'un qui comprend les pressions uniques de cette carrière. Il y a de longs moments entre les publications, entre les contrats, etc. C'est angoissant. Il y a beaucoup de rejets. Je me sens très chanceux d'être à quelqu'un qui peut comprendre.

Peux-tu nous en dire plus à propos des tes anciennes créations et de tes nouveaux projets ?

J'ai un tas de trucs sur le feu - un scénario, un pilote, un nouveau roman. Trop de trucs probablement. Le roman parle de baseball.

Travailles-tu sur un nouveau roman ou quelque chose d'autre ?

Un roman graphique que j'ai co-écrit avec mon ami Mark Poirier (scénariste de Smart People, auteur du roman Goats) est à paraître prochainement chez Scribner, probablement en 2014. Ca a été dessiné, spectaculairement, par Nancy Ahn.

J'ai vu que tu as été co-scénariste, avec ton frère Joe Hill, pour le scénario de Fade Away. Peux-tu nous en dire plus à ce propos ?

Je crains de devoir garder ça secret, juste au cas où quelque chose lui arrive. Je peux vous dire que les droits appartiennent toujours à la grande société de production Working Title et nous espérons toujours que quelque chose arrive.

Travailles-tu pour des séries TV ou des films ? Aimerais-tu faire ça ? Ou tu préfères te concentrer sur les livres ?

J'écris pour le cinéma. Rien n'a encore été fait sur celluloïd pour le moment, mais je continue de persévérer !

Quel conseils peux-tu donner pour un jeune auteur qui voudrait être publié ?

Lire.

Quelles sont tes influences cinématographiques et littéraires ?

Ma plus grosse influence littéraire est probablement Dickens. J'ai découvert ses romans à l'adolescence, quand j'ai commencé à passer un peu à la BD et à la fiction pour jeune adulte, et ils ont grandement avisé mon sens de ce qu'une histoire peut faire, du rythme, de la superposition, de la narration, détail amusant. Ma mère et mon père sont aussi évidemment des influences majeures.

En cinéma, je me sens très près des films de Billy Wilder, particulièrement La Garçonnière. Son point de vue fait beaucoup de sens pour moi.

Tu as écrit deux livres : We're All in This Together, un recueil de nouvelles, et Double Feature, ton premier roman. Quelles a été ta motivation pour écrire ces livres ?

C'est un assez vaste sujet ! Je pense qu'il y a plus de choses qui m'ont motivé que ce que je peux dire ici - probablement plus que ce dont je suis au courant !

Certes, la nouvelle, We're All in This Together, et mon roman, Double Feature, ont des axes particuliers, qui reflètent mes intérêts personnels. Le premier est très occupé par les unions dans un certain nombre de contextes : syndicats, unions personnelles, unions politiques. Double Feature a beaucoup à voir avec le cinéma.

Tu as édité un autre recueil d'histoires courtes, nommé Who Can Save Us Now. L'édition est un monde que tu aimes ? Que retiens-tu de cette expérience ? Ce fut enrichissant pour ton travail d'écrivain ?

Ce fut une expérience d'apprentissage, mais une grande expérience. J'ai l'édition. J'ai aimé l'expérience d'être surpris par la manière dont les différents auteurs ont répondu au super-héros. Je n'aimais pas avoir à presser les gens sur les délais. Je doute que quiconque aime cette partie. Je le ferais à nouveau, si les circonstances me le permettent.

D'ailleurs, tu as écrit une nouvelle pour Who Can Save Us Now ? Es-tu un fan de comics, un fan de super héros en particulier ? Si oui, quel est ton comics favoris, et pourquoi ?

Les comics étaient une partie importante de ma vie quand j'étais enfant et adolescent, mais avec les années, j'ai commencé à ressentir de plus en plus une séparation du cycle de vie-mort-renaissance par lequel les super héros emblématiques ont tendance à passer. Beaucoup de ces personnages semblent usés pour moi. (Je devrais insérer ici qu'il y a toujours une exception à la règle. Par exemple, mon ami Scott Snyder a fait un travail fabuleux en imaginant des histoires nouvelles et intéressantes à propos de Batman, que je pensais presque impossible à ce stade.) Je pense que la genèse de Who Can Save Us Now? était un produit de ce sentiment d'ennui envers ces personnages iconiques. Je me suis donc demandé quel genre de super héros on obtiendrait si on demandait à un groupe d'auteurs, beaucoup n'étant pas nécessairement associé au genre, d'en inventer des nouveaux ? Je pense que la réponse est beaucoup d'amusement.

En grandissant, j'étais un grand fan des X-Men, un grand fan de Daredevil. Je relis Watchmen avec émotion, et Sandman, bien sûr.

Double Feature est ton premier roman. En quoi est-ce différent d'écrire des nouvelles et un roman ? Quelles leçons en tires-tu ?

La partie effrayante dans l'écriture d'un roman est que vous devez vous engager à dépenser une énorme quantité de temps sur quelque chose qui pourrait ne pas fonctionner. La partie intéressante c'est que vous est autorisé à prendre des risques et à explorer quelques pistes que conclurait une histoire courte. Une nouvelle doit être parfaite. Les romans peuvent être un peu désordonnés.

Les critiques de la presse et des lecteurs sont généralement bonnes pour We're all in this together et Double Feature. Cela te rend heureux ? Lis-tu ces critiques ? Et les prends-tu en compte ?

J'aime les bonnes critiques. Elles sont importantes pour moi. J'aimerais qu'elles soient moins importantes à mes yeux!

Comme ton frère ou ton père, penses-tu écrire des histoires d'horreur ou des histoires fantastiques ?

J'ai déjà touché au "fantastique" par ci par là, et je suis sûr que je vais continuer quand l'inspiration viendra.

Joe Hill, ton frère, est aussi scénariste de comics. Aimerais-tu le devenir aussi ? Et as-tu quelques projets en lien avec ça ?

Il se trouve qu'un roman graphique que j'ai co-écrit avec mon ami Mark Jude Poirier (peut-être plus connu comme l'auteur du scénario du film Smart People) est à paraitre prochainement chez Scribner, fin 2014 début 2014. L'artiste, Nancy Ahn, est impressionnante. Ca parlera d'université et d'aliens.

Pour toi, qu'est-ce qui fait une bonne histoire, un bon roman ?

La caractérisation (création de personnages) est au centre de tout. Si les personnages ne sont pas développés, l'histoire n'aura pas d'intérêt, n'est-ce pas ?

Si tu devais choisir un seul roman ou histoire, juste un(e), celle que tu aurais voulu imaginer ou écrire, laquelle ça serait ?

La prochaine !

Tag(s) : #Interview, #Littérature
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